Il n’y a pas de miracle. Le yoga n’est pas une pilule qui va faire disparaître tous nos maux. Le yoga n’est pas miraculeux. Il n’y a aucune magie, il n’y a rien de spécial. Il ne faut être ni initié, ni résidé dans le secret d’une quelconque assemblée. Non, rien de tout cela.
Il ne faut qu’une chose, une toute petite chose,que nous pouvons tous avoir, mais que peu saisissent. C’est une qualité dont nous avons besoin. Nous avons besoin d’un peu de discipline.
Pour nous transformer il faut agir. Seule l’action sur nous même et avec intelligence peut avoir des effets durables.
Quoi de la discipline ?
Oui je sais ce mot ne fais pas rêver. il ne vend de la magie, il est terre à terre. Nous sommes loin des beaux discours et des belles paroles qui nous enchantent autour du yoga. Oui c’est vrai. Mais que recherchons nous ? Peut être juste un peu de changements dans nos vies ordinaires qui sont stressantes, un quotidien qui n’a rien d’extraordinaire, voir même un peu trop routinier. Alors parler de discipline ah non merci. Oui c’est vrai. Mais allons plus loin dans la signification de ce mot, dans ce qu’il implique et cherchons à comprendre.
Nous avons l’habitude de vouloir des résultats rapides, quelque soit nos motivations. Sinon à quoi bon. Je change. Le yoga s’inscrit à l’inverse de la rapidité. Si dès la première séance il y a du bien être, ce qui en soit est déjà pas mal, pour aller vers une transformation profonde de l’être, qui comprend le corps et l’esprit, cette démarche demande un temps infiniment plus long. Il est progressif.Essayons de ne pas confondre bien être et transformation. Nous ne sommes pas dans la même profondeur de travail. Le bien être est superficiel, instantané. Avec la transformation nous modifions notre être par une compréhension de celui-ci. Le yoga est un excellent outil pour cela. Nous pouvons modifier notre corps, nos douleurs, notre façon de nous tenir sur l’axe de la verticalité, notre chimie, mais aussi notre psyché. La façon dont nous percevons et ressentons le monde extérieur et intérieur. Mais cela n’est possible qu’avec une discipline. Il faut faire, faire et faire avec intelligence, du coeur et de l’engagement. Et si vous arrêtez et bien c’est foutu, il faudra recommencer. Si vous n’en faites pas assez souvent, vous n’y arriverez pas.
Il n’y a que la pratique qui compte, avec intelligence. La pratique est un diamant qui vient affuter notre être et le rendre de plus en plus tranchant afin de voir et de percevoir la vérité de ce que nous sommes. Des prises de conscience. Tout ce folklore n’est pas utile, la vérité est ailleurs. La pratique la pratique. le reste c’est de l’emballage.
Il ne suffit pas de tirer pour gagner en souplesse.
C’est même tout à fait contre productif! Plus vous tirez et moins ça marche. En tout cas dans un premier temps. Surtout ne faites rien.
Ne faites rien.
Moins nous agissons et plus nous nous allongeons. C’est la magie du relâchement. Les fibres musculaires et tout le système des fascias se détendent et doucement s’allongent en lenteur et en douceur.
Mais que se passe t’il?
Et bien vous avez confiance donc vous lâchez. Pour relâcher les muscles il faut se sentir en confiance. Si vous tirez, si vous forcez, vous stressez les muscles et la chaire. Le résultat c’est la contraction par protection. Et là plus rien ne se passe. Alors oui nous allons quand même étirer des éléments comme les tendons et les ligaments mais il faut savoir que ceux ci sont très peu extensibles. Le ressenti est justement pas grand chose et surtout la douleur. Alors qu’en ne faisant rien tout bouge, tout glisse.
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1.Comment ne rien faire peut être plus?
Quand le rien et plus. Quand relâcher et plus que forcer.
Ce n’est pas une question de temps, mais de présence. les muscles doivent lâcher un point c’est tout. Et pour cela il faut établir une confiance. Se donner les moyens d’autoriser le relâchement. Et c’est dans ces conditions qu’il va se passer quelque chose.
Je m’explique :
1.Le meilleur moyen et le plus facile est de porter la partie que l’on veut étirer. Exemple: si je veux étirer derrière la jambe, je vais utiliser un support comme un mur, une sangle ou autre. Dans ces conditions il est facile de lâcher. Il n’y a plus qu’à se concentrer sur le relâchement.
C’est la version la plus évidente.
Et je ne suis pas en train de vous dire qu’il vous faut un support systématiquement. C’est simplement le plus facile. Car si vous avez lu les précédent articles sur les lignes de connexions, vous commencez à comprendre que ce support peu-être dans ce cas de figure le gros orteil, la tête et d’autres. Liens ci dessous.
2.Ensuite la confiance, donc pas trop de poids dessus, ni de tension. Il ne sert à rien de vouloir descendre vers son pied. Ça ne marchera pas. Ne soyez pas obnubilés par la fin. Ce n’est pas le but. Ce que vous voulez c’est vous étirer et non toucher votre pied! Ce qui compte le plus, ce n’est pas jusqu’à où vous pouvez aller mais comment vous y allez.
3. Ne cherchez pas à aller loin tout de suite, cherchez le relâchement d’abord. Cela peut prendre plusieurs minutes. Etablir une confiance. Ensuite vous pourrez doucement rechercher l’intensité. ici rapprocher les mains du pied en gardant toujours la même qualité de relâchement.
Si vous tirez encore plus sur une zone déjà stressée donc contractée vous ne ferez que rajouter de la tension sur de la tension. Il faut trouver le relâchement et ensuite donner de l’élasticité. C’est ce qui va apporter de la tolérance et donner de la souplesse.
Quand vous appliquez tout ça, la jambe descend toute seule.
2. Pousser au lieu de Tirer
Si nous tirons, nous resserrons les muscles alors que nous voulons les allonger. Et si les muscles sont tous serrés et contractés, une chose est sûre, c’est qu’il ne bougerons pas ou si peu. Alors faisons l’inverse. Cherchons à allonger les muscles et tout faire pour aller dans ce sens et favoriser cette direction.
Une chose simple à faire : il faut pousser.
Pour que cela marche on en revient à l’ancrage. Il faut une base solide pour pousser dedans et créer des allongements. Retour sur la série d’articles sur les lignes.
Pour aller plus loin, soyons malins. Une fois que nous avons fait tout ça, nous pouvons encore chercher un peu plus. Pour cela les muscles antagonistes sont utiles. Qu’est ce que c’est? Simplement des muscles qui ont des fonctions opposés. Exemple : la jambe la cuisse et les quadriceps extenseurs de la jambe, les ischions jambiers fléchisseurs de la jambe. Si vous contractez l’un, l’autre se relâche. Sauf si vous serrez tout.
Attention serrez n’est pas pousser. Ça à l’air évident dit comme ça mais dans le mouvement ça ne l’est pas du tout.
Alors pour allonger la jambe un peu plus, il suffit une fois que nous avons fait l’étape un et deux, contracter un peu la cuisse pour augmenter l’intensité de l’allongement. Mais attention il faut savoir doser l’effort de contraction. Car si nous serrons trop fort toute la zone va avoir tendance à se contracter et nous retombons dans nos vieilles habitudes.
4. Conclusion
Pour finir j’aimerai porter encore et toujours l’accent sur le fait que tout cela n’est possible que si vous êtes pleinement dans ce que vous faites. Il faut être concentré, il faut sentir et ressentir les actions que nous faisons.
Etre conscient de. Et ne pas se contenter de sentir la douleur. Cela va tellement plus loin que ça. Travailler les sensations, affiner, corriger cela est le point de départ du changement, car cela est un support pour progresser, affiner, etc…
Je sais aussi que suivant la morphologie certains ne sentent rien. C’est parce qu’ils n’ont pas du tout cette habitude et qu’ils ont une certaine facilité ou laxité pour ce genre de mouvement. Mais pour eux le travail est différent. Il faut apprendre à tenir ou maintenir la jambe dans un alignement précis.
Les sensations seront différentes. Ça ne sera peut être pas de la douleur, mais la concentration va être primordiale pour chercher à aligner la jambe en utilisant les muscles pour « gainer » afin que les membres trouvent leur juste place. Ce n’est pas un travail de relâchement mais de maintien. L’opposé dans un premier temps. Car tous les muscles ne sont pas laxes. Observez. Et c’est par ce travail de maintien que de nouvelles sensations vont émerger. Ensuite vous pourrez allonger en maintien.
Cette fois j’aimerai porter mon attention sur le corps doit toujours être tenu. Ou dit différemment, quel est le jeu des relations musculaires.
1.Comprendre
Partons du début. Se tenir debout ou pour être plus précis, se tenir sur l’axe de la verticalité. Pour bien comprendre ce que cela signifie, nous pourrions dire comment nous extraire de la gravité. L’attraction terrestre nous colle à la terre. Nous passons notre temps à jouer avec cette attraction, tantôt nous faisons tout pour nous en éloigner, sentir cette légèreté, se sentir pousser des ailes. Tantôt nous collons littéralement au sol. Entendons nous bien, il n’y a aucun jugement de valeur ici, l’un et l’autre sont bien, tout dépend de la situation et du but recherché. Il faut savoir se balancer de l’un à l’autre instantanément. Et même une partie du corps doit se sentir légère et l’autre coller au sol.
Ainsi l’ancrage ou l’enracinement peut être considéré comme recherchant à coller au sol, voir même à s’enfoncer dans la terre, alors que la tête recherche la légèreté et à atteindre les étoiles. Si vous commencez à vous familiariser avec les lignes su corps vous comprenez que c’est exactement cela.
Maintenant pour nous tenir sur l’axe il n’y a pas qu’un moyen, il y a des multitudes de possibilités. C’est là que nous allons engager les muscles. Naturellement le corps va toujours se modeler pour être en équilibre sur l’axe. C’est notre histoire* qui va faire que nous allons adopter une certaine façon de nous tenir debout.
C’est là que le corps doit toujours être tenu sur l’axe. Nous allons tous adopter des moyens particuliers pour tenir debout.
*Notre histoire est la somme de tous les événements et de nos adaptations que nous avons adopté consciemment ou non pour nous tenir sur l’axe de la verticalité.
Le choix
Ce qui est valable pour notre stature l’est aussi pour le reste. Si nous reprenons nos postures de yoga, il n’y a pas qu’une façon de faire, il n’y a pas qu’une façon de tenir l’asana. Ce n’est qu’un choix qui va forcément impliquer des conséquences plus ou moins bénéfiques voir traumatisantes pour le corps.
D’où le corps doit toujours être tenu. Si je ne veux pas utiliser certains muscles, je dois forcément en utiliser d’autres. Et tout le jeu va consister à choisir judicieusement. C’est là tout le pouvoir de la pratique. Prendre le contrôle total du corps et pouvoir choisir consciemment quels muscles doivent être utilisés ou pas.
Pourquoi nous faisons les postures et qu’est-ce que je recherche?
Gardons à l’esprit que nous ne voulons pas traumatiser le corps, mais nous voulons le rendre par nos postures plus souple et plus ferme pour augmenter le flux d’énergie. Il est donc nécessaire de ne pas comprimer certaines zones. Rappelez vous les lignes, la compression est synonyme de couper l’information et de blessures à terme.
Ensuite que cherchons nous à faire par telle ou telle action. Il faut créer les moyens de nos explorations. Si je veux soutenir telle partie du corps je vais procéder d’une manière, si au contraire je veux allonger telle autre, je vais agir différemment. D’où l’importance de se poser tout un tas de questions qui va nous permettre ensuite d’appliquer tels muscles, avec telle intensité, avec telle intention.
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Et Maintenant
Et bien replaçons l’intelligence au centre de notre exploration.
Petit mot sur l’intelligence. C’est pour moi un processus d’exploration et d’écoute dans lequel l’égo n’a pas sa place. Il faut taire le mental.
Dissuader une envie d’y aller absolument et en même temps ne pas se laisser gagner par la peur, essayer. Il faut avoir un désir profond d’exploration sans pour autant s’obstiner absolument à y arriver.
Mais il y a plus que cela. Il y a l’intelligence du corps.
sApprendre à écouter tout ce qu’il a à nous dire. Le corps sait. C’est à l’intelligence de la tête de savoir écouter et libérer ces espaces. Donc il faut allier toutes les formes d’intelligence qui associent l’écoute et la confiance pour explorer de nouveaux territoires. C’est par là que nous obtiendrons la connaissance. Ce processus crée des instants de grâce. Des moments où tout vient se mettre à sa place, une sensation de liberté dans l’action.
Etape 1 : Mettre sous tension les lignes du corps. C’est à dire allumer, ressentir les lignes. Ce sont les 2 derniers articles sur le sujet.
Etape 2 : Entrer dans la subtilité. Le corps sait il nous dit comment y aller. A nous de trouver les chemins. C’est là que nous revenons à notre sujet du jour à savoir que le corps doit être toujours tenu. A ce niveau, il va falloir trouver des ancrages subtiles pour libérer des zones plus précises. Prenons un exemple pour que cela soit plus parlant.
L’ouverture de la cage thoracique dans une posture comme le pigeon royale (eka Pada Raja kapotasan, photo ci dessus). Si pour certains ce genre de posture ne pose pas de problèmes particuliers, en revanche pour d’autres cela relève d’une mission presque impossible. Je fais partie de cette catégorie là. Dix ans que j’y travaille 😂.
Alors comment faire pour ouvrir ce coeur et cette cage thoracique quand tout est bloqué?
– Il faut pouvoir sentir qu’au niveau du sternum « ça » glisse, même un petit peu. Et pour ça il faut libérer toute cette zone. Il faut donc tenir ailleurs. Et ici je me concentre sur la pointe du sternum et sur la respiration. La pointe est l’ancrage, la respiration le mouvement.
– Il y a les lignes des bras à travailler. Le placement des épaules est fondamentale. C’est une articulation fascinante. Il faut pouvoir descendre la scapula en bas et en dehors pour tourner autour de la clavicule. Et cela se fait grâce au petit doigt. Il pilote le mouvement général du bras. Comme un sabre qui vient s’armer au centre de la tête, le petit doigt fait de même. Et ceci dans chaque bras. Le petit doigt devient un ancrage. Libérer l’épaule.
-La colonne n’est pas en reste. L’allonger toujours pour garantir le mouvement, ici l’ouverture, cela se fait avec la tête et le sommet du crâne. Il pousse vers le haut et l’arrière.
-Et rien ne serait possible sans une action franche des jambes et des pieds qui agissent profondément dans le sol. Cet ancrage permet l’élévation.
-Maintenant tenir le périnée et le centre pour dégager l’espace arrière de la colonne et permettre l’allongement du ventre.
Il en résulte qu’au bout d’un moment les couches glissent. Relâcher tout le reste, savourer ce qui bouge, dans l’instant.
Vous voyez le niveau de concentration qu’il faut pour obtenir tout ça !
Cette semaine nous allons nous concentrer sur quelques aspects et conséquences. Allons plus loin dans le raisonnement.
L’ancrage : le corps doit toujours être tenu.
Voici la règle : Pour engager les lignes il faut les allonger à partir des extrémités du corps. Cette opération connecte le corps et met en marche tout un réseau d’informations. Pour que cette mise sous tension, dans le sens d’allumer, soit effective, il faut veiller à ne pas serrer le corps le long des lignes.
Serrer c’est casser l’information.
A partir de cette simple règle, nous allons en déduire quelques notions très intéressantes pour nos postures, pour le yoga et la conscience du corps en particulier, voir même une philosophie de vie.
Depuis le temps que je travaille sur ces notions, que je passe mon temps à observer les corps, leurs adaptations variées, mes lectures aussi, j’en ai déduit que porter le corps n’était pas une évidence mais le résultat d’un choix. Même si ce choix est inconscient, il est le résultat de nos différentes adaptations, de nos différents contacts avec le sol, de nos différentes façons d’utiliser nos muscles.
Notre monde occidental tient le corps depuis le bassin et les épaules créant un maximum de pression dans ces zones. Ce qui bloque en profondeur ces régions. C’est une question de coutumes, de façon de vivre. Une société développe des habitudes de vie qui engendrent une certaine façon d’utiliser le corps.
Nous avons perdu le contacte avec la terre, nous sommes en permanence isolé, éloigné du sol, ne serait-ce que par nos chaussures. Alors notre équilibre change, la façon de se tenir debout évolue pour rester sur l’axe de la verticalité. Ce qui entraîne une sollicitation des muscles de la région du bassin particulière. Il y a bien sûr d’autres facteurs, des exceptions. Mais l’essentiel n’est pas là. Ce qu’il faut comprendre c’est la façon dont nous utilisons notre corps, la façon dont nous nous tenons debout n’est pas innée. Elle n’est pas naturellement idéale.
Première idée : La façon dont nous tenons, de se porter, ne va pas de soi. Elle est apprise. Se tenir sur l’axe est un choix, certes inconscient la majorité du temps, elle n’est pas nécessairement idéale.
Si c’est un choix alors nous pouvons le modifier. A condition comme toujours de remettre notre conscience là-dedans.
Les lignes nous font agir et porter notre corps totalement différemment, voir même à l’opposer de nos constructions. Désormais nous nous portons depuis les extrémités : la tête, les mains et les pieds. Nous cherchons à nous grandir vers le ciel agissant dans le sol. Ce qui permet la libération de la région du bassin et des épaules.
Gardons bien en tête que le corps doit toujours être tenu. Sinon nous nous effondrons. Si je veux lâcher à un endroit il faut pouvoir tenir à un autre. Déporter la tenu du corps aux extrémités va valoriser considérablement l’ancrage. Sans lui rien n’est possible.
Deuxième idée : La notion d’ancrage devient alors fondamentale. L’ancrage sont les actions que nous faisons qui nous garantissent la stabilité. Et nous déployons ses racines dans plusieurs directions à la fois. J’agis à partir du sol et je me déploie vers d’autres extrémités tout en m’assurant de ne pas serrer, comprimer les lignes. Dans cette optique chaque action engendre un effet. avec le développement de la sensibilité, les ancrages deviennent de plus en plus précis. Agir avec précision sur le gros orteil engendre un placement du corps différent que le petit orteil. Allonger à partir du petit doigt engendre un mouvement de l’épaule différent de celui du pouce. Suivant ce que je veux obtenir, je focalise mon attention sur un point particulier et le mouvement est dirigé par ce point.
Chaque détail compte car les placements vont vers une finesses extrêmes.
Troisième idée: Plus j’ai de points d’ancrage, plus je suis stable, plus je peux lâcher, moins j’ai besoin de force.
Enfin ces points d’ancrage sont de plusieurs ordres. Ils peuvent être concrets comme tout ce qui agit dans le sol. Mais ils peuvent être fictifs. Ainsi des mains qui se poussent entres elles et vers le ciel deviennent des supports même si ces points ne reposent pas directement dans la terre. Dans cette idée plus je vais créer de points d’ancrage par mes actions, plus je vais pouvoir tenir mon corps. Ce qui permet de lâcher des zones stratégiques (épaules – bassin). Le corps doit toujours être tenu. Mais je peux choisir où le tenir. Ce qui change la donne.
Plus il y a de points d’ancrage, moins j’ai besoin de force. Car plus je mets en place des soutiens par mes actions, moins j’ai besoin de force pour maintenir la posture. Je n’ai plus qu’à rechercher l’équilibre. Si on poursuit le raisonnement, la question suivante émerge :
– Qu’est-ce que la force? En effet la force n’est pas avoir de gros muscles. Ce n’est pas non plus ressentir une pression interne dans le corps. En tout cas je parle ici de notre capacité à soulever et jouer avec son propre poids. La force serait tout simplement: quand j’agis dans le sol, il se crée des mouvements du corps entier. Je peux soulever, déplacer et maintenir alors tout le corps. Je dois simplement agir de plus en plus puissamment, connecter, équilibrer tout le corps pour unifier l’ensemble.
La force serait cette capacité à unifier l’ensemble, avec légèreté. La légèreté est toujours un critère de justesse.
La posture juste se prend toute seule
Avec des actions justes, la posture se prend d’elle même. Il n’y a rien d’autre à faire. Pas besoin d’ajustements extérieurs. Et j’irai même plus loin. Le placement des appuis, les actions précises fond la posture. Il faut donc parfois déplacer ses appuis pour mieux sentir les ajustements. Les ajustements sont le résultat de nos placements et de nos actions. Agissez et laissez faire. Connectez et relâchez. Il n’y a plus qu’à respirer et faire des micros ajustements. Nous pouvons plonger dans les profondeurs du corps. Ressentir des appuis supplémentaires de plus en plus subtils.
Cette libération intérieure donne des effets étonnants. Il suffit d’appliquer les bonnes actions pour engendrer un bon placement du corps et ressentir la légèreté. Cet état d’être dans la posture ouvre les portes de la finesse et de la subtilité. Nous plongeons notre conscience dans les couches plus profondes du corps, nous mettons de l’intelligence dans chaque cellule de notre corps. Nous pouvons ressentir l’énergie qui circule librement dans le corps. Nous pouvons trouver d’autres points d’appuis subtils dans le corps, nous comprenons toute l’étendue du rôle des bandhas.
Nous pouvons comparer notre corps à un élastique. Les fascias réagissent de manière similaire.
Qu’est-ce qui fait la particularité d’un élastique? C’est sa capacité à se déformer et restituer l’énergie emmagasinée par la déformation. Et surtout à la fin, il reprend sa forme initiale, plus ou moins.
Pour pouvoir engager les caractéristiques d’un élastique, il faut agir dessus. Si vous vous contentez de regarder un élastique au repos, il ne se passera rien. Pour commencer à observer ses propriétés, il faut tirer dessus. Au moins à deux extrémités. Et bien le corps humain c’est pareil.
Qu’est-ce que c’est ?
Ce sont simplement des lignes de connexions musclaires, qui grâce au jeu des fascias connectent directement les muscles les uns aux autres. Lorsque l’on bouge, nous créons de véritables lignes qui voyagent le long du corps. Elles viennent tisser un réseau qui parcours l’ensemble du corps.
Je m’y intéresse depuis de nombreuses années car ce n’est pas un concept de plus. Cette fois je les ressens ces lignes. Je peux agir dessus. Et en plus Il y a une méthode pour cela.
Mais attention au choix des mots. Si pour un élastique on applique une action extérieure aux extrémités, alors tirer est le bon choix. Mais pour le corps nous pouvons agir que de l’intérieur, alors tirer n’est plus pertinent, il devient même l’opposé. Il faut parler d’allongement entre les deux extrémités de la ligne, ou de pousser les extrémités vers l’extérieur.
Agir sur les lignes – comment les utiliser
Simplement : pour mobiliser une ligne il suffit de l’allonger.
Nous sommes traversés par un réseau de lignes de la tête au pieds, dans différentes couches du corps, de la superficie aux couches les plus profondes. Quand les lignes se croisent, elles forment des ronds points qui permettent changement de directions, combinaisons de lignes entres-elles.
Et pourquoi solliciter les lignes de connexions me direz vous?
Et bien reprenez l’image de l’élastique. Lorsque vous l’avez allongé au moins à deux extrémités, il reste souple mais il acquiert une solidité ou plutôt une tension. Attention lorsque je dis tension, je ne veux pas dire contraction ou verrouillage, ou encore compression. Je veux dire mettre sous tension, c’est à dire que nous avons allongé la chaîne pour qu’elle réagisse, qu’elle vibre. Plutôt comme un réseau électrique que nous avons branché. Le courant maintenant passe, nous pouvons mettre de la puissance et brancher d’autres éléments.
Ceci permet alors d’emmagasiner de l’énergie. Les lignes vous portent. L’avantage énorme est que nous n’avons pas besoin d’engager les muscles avec toute notre force et que tout le reste peut être détendu.
Nous sommes plus fort et plus souple avec moins de contractions musculaires. Le jeu des muscles utilisé n’est pas le même. Je rentrerai plus dans le détail dans un prochain article. Disons brièvement que nous engageons beaucoup plus muscles de la statique (nous tenir debout), ce qui permet la libération du bassin et des épaules. Et que les orteils reprennent toute leur place! Libérez vos orteils!!!!
Mais quelles sont les implications?
1° Il faut donc agir consciemment dans chaque posture et transition.
C’est à dire qu’il ne faut pas se contenter de prendre une posture mais qu’en plus il y a tout un jeu d’actions à faire si je veux solliciter la ligne et la sentir. Si je ne sens rien, c’est que je ne fais rien ou pas correctement. Il y a donc toujours une recherche de directions à aller chercher, d’allongements à trouver.
2° Ne pas couper les réseaux.
Les lignes se ressentent uniquement si rien ne vient interrompre leur développement et si rien ne vient bloquer leur allongement. Et le pire ennemi de la ligne c’est la contraction trop intense. Serrer trop fort, c’est couper l’information. Ne rien faire c’est tomber. Chercher la ligne c’est engager juste ce qu’il faut. Je sais bien que plus la posture est compliquée, plus nous compensons par une contraction trop forte. Et nous perdons le ressenti de la ligne, elle se coupe. Alors remettre notre concentration pour lâcher ce qui n’est pas nécessaire.
Ensuite, il faut changer la façon de se représenter la force. Arrêtons de croire qu’en serrant, nous sommes forts. En serrant on serre, on contracte, on rapproche et on bloque. Alors la sensation est une pression interne forte que nous traduisons par l’impression de force, mais ce n’est que de la pression.
Faites l’inverse allongez, déployez, poussez. Et là vous autorisez le corps à bouger, à se déplacer tout seul. Une fois que les actions sont bonnes, il n’y a plus rien à faire, tout vient se placer tout seul à la bonne place. Ce qui est très différent de serrer le corps à de multiples endroits pour tendre vers une posture parfaite. Même si de l’extérieur les deux cas sont identiques, à l’intérieur tout est opposé. Dans un cas tout n’est que contraintes et contractions, dans l’autre nous faisons tout pour ne pas parasiter le mouvement.
Au final nous mettons sous tension les lignes, nous les avons connectées par l’allongement des extrémités. Ensuite nous éliminons toutes actions superflues qui pourraient contraindre le déploiement de la ligne.
Ce qui ne veut pas dire que nous n’engageons rien.
3° Soutien des Bandhas
Les Bandhas il faudra en reparler plus longuement. C’est certain. Et comme dans toute notion subtile, elle est soumise à discussion. En Pranayama nous les utilisons de manière très précise, avec des intensités particulières. Pour les postures le travail est différent. Ils soutiennent. Leurs actions contrairement au Pranayama passent en arrière plan, ou plutôt leur rôle est moins voyants. Plus la posture demande de l’équilibre, plus la posture devient intense , plus leur rôle devient important.
Ainsi la région du plancher pelvien, et le centre sont ces points clés*. Et la gorge me direz vous ?
4° La respiration
Il ne s’agit pas d’appliquer un Pranayama pendant la posture, sachant que cela reste possible. Certaines pratiques de yoga les encouragent. Ici ce qui m’intéresse c’est autre chose. C’est utiliser la respiration comme un témoin de l’état interne du corps. Veiller à ce qu’elle reste régulière et fluide. Combiner l’inspire et l’expire avec certains mouvements qui nous aident à nous déployer. Et puis sentir la respiration dans tous le corps qui voyage, garant d’un état de détente. Le Bandha de la gorge ici est là pour nous aider à réguler cet air et garantir un rythme. Il n’y a pas de verrou ou de fermeture comme dans le Pranayama, mais une attention vigilante sur la qualité de la respiration.
Soit on décide que le Bandha est une action spécifique à un endroit particulier, alors dans ce cas ce dont je parle n’est pas les Bandha. Ou bien on considère que ces zones du corps sont des points stratégiques. Et que si ils sont utilisés pour le Pranayama d’une certaine façon, ils restent des points fondamentaux pour une conscience du corps la plus fine possible. Alors il faut admettre que ces lieux peuvent être utilisés dans d’autres circonstances, avec d’autres énergies, d’autres fonctions. De doute façon, la connaissance de ces points est longue, demande une prise de conscience élevée pour en connaître toute l’étendue.
*Volontairement ces zones sont floues. Il faut un apprentissage pour les préciser. Ainsi à terme nous pouvons les réduire, modifier l’intensité. Ces zones au fur et à mesure deviennent des points.
On se retrouve lundi soir à la folie douce et mardi soir à Passy, 19h.
Le programme cette semaine sera un peu plus focalisé sur les étirements diverses et variés. Cela fait un moment que je ne vous ai pas proposé une séance plus lente mais profonde.
On va conscientiser tout ça pour aller dans la finesse de nos sensations.
Un stage ce weekend
A partir de jeudi, je donne un stage sur Saint Gervais les bains. Pour une fois que je suis dans le coin. Vous avez la possibilité de nous rejoindre le samedi et le dimanche. Groupe tout petit maximum 5 personnes. J’aime bien pouvoir donner toute mon attention à chacun d’entres vous et trouver des moyens pour avancer dans la finesse. Je composerai les séances suivant vos envies. Contactez moi si vous voulez venir.
Je vais devoir réorganiser tout mon emploi du temps.
Cela m’attriste pour être honnête parce que des cours vont s’arrêter pour le moment. Ce que j’aime par dessus tout c’est enseigner, transmettre. J’aime cette énergie du groupe qui respire et bouge ensemble. C’est pour ça que je ne veux pas faire de cours en visio quand on peut faire différemment. La chaleur, la présence humaine ne passent pas dans le réseau. Et qu’importe que les habitudes changent. Toutes ne sont pas bonnes.
Il y aura toujours la possibilité de pratiquer à Chamonix et à Passy mais plusieurs cours collectifs vont s’arrêter pour le moment. Désormais les cours seront les lundis et les mardis soir. Ce sont ceux que vous plébiscitez le plus. Ainsi je donne un cours à Chamonix, un cours à Passy. Sans oublier les ateliers le dimanche et le cours du samedi une fois par mois.
C’est pas faute d’avoir persévéré malgré les mouvements de cette année. Mais voilà vous n’êtes pas assez nombreux au rendez-vous. Simplement je vais commencer un nouveau travail en plus. Donc quelques aménagements s’imposent. Ces moments de pratiques ensemble sont précieux, on pratique, on s’amuse, c’est toujours des moments riches en partage.
Nous partons pour une nouvelle année. J’essai au maximum de garder une régularité pour faciliter l’approche des cours. Mais on ne peut pas dire que l’année écoulée a été facile et sans mouvements. Nous avons bougé souvent et plusieurs fois. Je remercie tous ceux qui ont suivi malgré tous ces remous. Je suis très sensible à cette marque de confiance. Merci encore…
C’est la raison pour laquelle je continue encore et encore. Depuis fin juin j’ai rejoins le studio de la folie douce. J’espère que ce choix vous conviendra. Comme j’intègre un studio tous les nouveaux abonnements se passeront via yoghatha. Je vous en donnerai les détails prochainement.
Pour les cours à la folie douce, il suffit de venir je serai là.
Pour Passy inscrivez-vous comme d’habitude, juste là
La plus inutile des expériences, mais au combien nécessaire.
Voici un retour d’expérience sur 4 jours et 3 nuits de marche. L’idée initiale était de simplement rejoindre Evian depuis Chamonix par la montagne en autonomie complète.
Il s’est avéré que mon fil conducteur fut le GR5 pris à l’envers. J’ai pris la liberté de dévier de l’itinéraire lorsque qu’un sommet ou une variante me paraissait plus attrayante.
Tout ça pour dire que je n’ai pas cherché particulièrement à rester en contact avec la civilisation et pas non plus à chercher à m’isoler.
J’ai simplement écouté mes envies et mes besoins, sans compromis. Lorsque j’avais faim, j’ai mangé. Lorsque que je voulais contempler je me suis posé parfois longtemps et quand je me suis senti fatigué de la journée et bien j’ai posé le camp.
Avec la marche un autre temps se m’est en place. La journée commence avec les premières lueurs de l’aube, le pas devient la cadence qui supplante les secondes. Mettre un pied devant l’autre. Rien d’autre n’a d’importance. C’est la seule action qui va créer une différence. Soit tu marches soit tu contemples. Le reste ne changera rien à ta situation. Marcher c’est laver son égo à la machine à laver. Avancer d’un pas encore et encore comme le linge qui tourne et tourne dans le tambour n’enlève en rien à la réflexion, mais dissout les ruminations. Le paysage est la lessive qui remet à neuf l’esprit. Et il faut la combinaison de la marche et de la contemplation pour nettoyer l’ego.
J’ai réfléchi, j’ai pensé le monde. Je me suis beaucoup interrogé. Le linge est nettoyé.
La beauté nécessaire. Là, seul dans la montagne c’est parce que c’est beau. Cela doit être beau. Il faut donner du sens à l’expédition. Mais toutes les montagnes ne se valent pas. Il y a des endroits sans intérêts. Et puis pourquoi trouver la montagne belle, plus qu’autre chose? Qu’est ce qui fait que ce paysage nous touche ou doit nous toucher? C’est beau parce que c’est l’émotion vient de l’intérieure et je me sens envahie par le paysage ou bien parce que en cette saison, partir dans la nature c’est forcément beau? En d’autres termes la beauté est imposée ou choisie?
En fait beaucoup de compatriotes du sac à dos étaient émerveillés car ils le devaient. Si je suis là cela doit être beau ! Sinon pourquoi faire ? Et puis il y avait aussi la performance accomplie. Tu marches combien de « kil » par jour. Devant mon ignorance combien de temps ou de dénivelé ? Devant mes incertitudes et mes lacunes en la matière, mes interlocuteurs, ces héros des kilomètres abattus étaient désarçonnés. Alors pourquoi partir?
La contrainte essentielle étant l’eau, certainement pas la qualité du réseau. La marche se fout royalement de savoir si il y’a suffisamment de barres pour envoyer des photos « Instagramables ».
L’inutilité complète de l’acte. Je sais bien que tout cela est contradictoire, que je poste également comme les autres, que je fais intégralement parti de la tendance. La différence et j’en reviens à mon idée première est une question de temporalité et de raisons de l’acte.
Si je suis dans le partage instantané, dans le regardez moi en train de réaliser ceci, alors vous n’y êtes pas, mais alors pas du tout. La temporalité est la pire qui soit. Car à ce moment là, je ne vie pas, je montre. Et donc il n’y a pas d’expérience, il n’y a que l’imagination d’une expérience dans un lieu donné. Et ce lieu doit être photogénique, pour être regardé.
La marche est nulle visuellement. Elle n’apporte rien de l’ordre de l’exploit. Son rythme est lent, la cadence va à l’opposé de l’instantanéité. Il n’y a rien d’autre à faire que mettre un pied devant l’autre. Ce pas répété à l’infini ne cherche rien de spécial, on s’est juste qu’il va vers quelque part. Mais où exactement? Je sais pas. Cela va dépendre, de la météo, des massifs aux alentours et des envies du moment. C’est aller dans le sens opposé à une pseudo performance omniprésente, d’être capable de, d’aller chercher la meilleure version de soi ou je ne sais quoi. Il y’a rien à prouver ou à se prouver. C’est tout simplement inutile. Ça ne sert à rien. Et c’est pour ça que c’est vital. L’inutilité nécessaire. La marche n’a aucune raison d’être et permet peut être tout. Elle permet l’ennui, l’observation, la respiration, la non production. Elle permet d’éprouver la faim, la soif, la fatigue, la lassitude. Ce pas lent, si lent, est la vie sans but. Une vie qui ne cherche rien. Une vie qui vit, qui crée.
Se dépasser. Dépasser quoi? Une limite. Mais quelle limite? Dépasser ses capacités physiques à priori. Mais on pourrait dire l’ensemble de ses potentialités. Ce qui est plus général.
Avec la limite on voit bien qu’il n’y a rien de stable et qu’elle bouge en permanence. Il suffit d’un peu d’entraînement physique pour la repousser jusqu’à un certain point. Après il devient très difficile d’aller plus loin. C’est le record sportif par exemple. Il y a des tas de facteurs à prendre en compte pour repousser un peu plus loin les performances. Tout le monde ne peut pas et n’est pas fait pour accéder à cette limite que l’on pourrait qualifier d’ultime. Il y a comme une première limite qui concerne tout à chacun et ensuite il y aurait comme une autre limite beaucoup plus élevée qui s’imposerait à tous.
Avec la limite apparaît rapidement la notion de représentation, de catégorie, de niveau. Il y a de la fluctuation, de l’imagination.
Comme je l’ai déjà suggéré dans plusieurs articles, la représentation que nous avons de nous mêmes est toujours la combinaison de nos expériences, de la norme sociale, de nos groupes d’appartenances. Non seulement mes capacités sont envisagées par rapport à mon histoire, mais aussi par les autres ( ce qu’ils pensent de moi et ce qu’ils me revoient comme images de moi). Enfin ce que la société et les modèles véhiculés par celle-ci pensent que nous sommes capables de faire ou pas. Dit autrement, suivant mon appartenance, qu’est ce que je suis censé être. Notons tout de suite qu’heureusement certains d’entres nous, n’ont pas écoutés ces voix. Car sinon aucun exploit, aucune première n’auraient été possible.
J’aime beaucoup cette phrase « ils l’ont fait car ils ne savaient pas que c’était impossible » Je compte sur vous pour me rappeler l’auteur et le contexte de cette phrase!
Pourquoi Faire
Pourquoi aller titiller ces limites?
– Mettons tout de suite de côté l’aspect reconnaissance et valorisation de l’individu. il y autre chose de plus intime, de plus profond.
-1° la sensation.
Elle peut être d’ordre physique et mentale. C’est tout simplement grisant de sentir que l’on peut dépasser ces limitations. Nous ne sommes pas cloisonnés forcément dans une case. L’idée que je peux être autre chose que mes représentations. Et ce aussi bien dans mon corps que dans ma tête.
-2°Parfois c’est vitale, remettre sa vie dans ses mains et ses seuls capacités.
C’est ce qui va faire qu’une personne peut survivre et une autre au contraire mourir. Une situation qui nécessite un dépassement profond de Soi. Mettre sa vie en jeu, que ce soit réel ou imaginaire (ex: le saut à l’élastique) conduit à se dépasser. Des sensations uniques se mettent se mettent en place : instants évident, une profonde concentration, une suspension du temps, une extrême lucidité, un sentiment de profond de connexion à Soi, aux éléments, un sentiment de liberté, le bien être de l’adrénaline. Cet état de grâce est quand le mental s’éteint, quand il n’y a plus le temps de la réflexion, quand la décision et l’action sont instantanées. Il n’y a plus de différence entre l’observateur et l’objet, tout est un. Se sentir vivant.
3°Apprendre à se connaître, tout simplement.
Mais se connaître sans tricherie, sans s’imaginer ce que nous pourrions être. C’est essayer de coller à la réalité de ce que nous sommes. Ainsi apprendre à toucher ses limites, délimitent notre sphère. Celle ci est en constante évolution, Elle n’est jamais figée.On s’imagine ce que nous sommes, connaître sa limite permet de superposer la réalité avec notre vision de nous même.
Tout se mélange. Il n’y a pas une raison plutôt qu’une autre. Il y en a certainement d’autres aussi. Ce qui me semble important ici de souligner c’est que la limite à quelque chose qui touche à l’essence de ce que nous sommes, dans la chaire, qui na rien d’intellectuel, qui va au delà de la simple performance. Oui la norme, la société nous conditionne d’une certaine façon de penser le corps, la limite et le dépassement. Oui certains dépassement sont plus valorisés plutôt que d’autres. Mais il y a quelque chose de très intime, de concret, de réel, de vivant. Peut-être même un sentiment de liberté et de contrôle absolu de soi. Dans ces moments nous sommes pleinement conscient.
Comment faire?
–Une évidence mais qui change tout. Pour aller titiller ses limites il faut faire.
Il y a une idée d’action, d’agir. Impossible de dépasser ses limites par l’imagination. On peut visualiser un succès, une épreuve, mais cela reste de l’ordre de la motivation. Certes la visualisation peut participer à la réussite du dépassement, mais en aucun cas elle l’est. Il faut se mettre en mouvement pour se dépasser. Mais c’est insuffisant. Il faut y associer les représentations de mes limites. Elles sont soit surestimées ou soit sous-estimées. L’action permet de calibrer les représentations. Ce qui nous amène à l’expérience. Le vécu nous permet donc d’estimer notre capacité. L’expérience influence nos représentations. Je suis capable de faire ceci ou cela ou l’inverse. Mais cette expérience est aussi limitative car elles nous empêche de voir plus loin, elle a tendance à nous limiter dans le girons de nos expériences passées.
–La répétition.
Faire encore et encore. Au fur et à mesure que l’on répète, que l’on se rapproche de la limite, on apprend à la connaître, à prendre des repères. Ce qui nous faisait peur jusqu’à présent devient de plus en plus familier. De ce fait, la peur s’apprivoise et s’atténue. Faire et refaire développe la connaissance. Et au fur et à mesure cette connaissance s’affine, elle devient plus précise. Il y a donc un double processus la répétition apporte la connaissance qui par la même occasion apprivoise la peur. Et donc le dosage devient un élément fondamental. Suffisamment proche de la limite pour que le processus d’apprentissage et de la connaissance se déclenche, mais suffisamment loin pour que toutes les conditions de sécurité soient garanties.
– L’observation instantanée et globale.
Prendre des repère qui nous permettent de nous ancrer de ne pas se laisser déborder et ainsi nous emmener vers une profonde concentration. Regarder les articles sur la peur, l’attitude juste et la justesse. Tout cela reste valable.
– Et parfois, nous pouvons nous mettre dans un certain état que je qualifie de grâce. Un état dans lequel le mental s’éteint. Ce que j’ai décrit plus haut. Cet état s’obtient quand tous les critères sont poussés plus loin. Quand plus rien vient perturber la concentration, quand la lucidité devient extrême. L’observation est à la fois globale et extrêmement orienté vers notre objet de concentration. Nous n’ignorons rien du milieu ou l’état dans lequel nous sommes, nous pouvons ajuster notre attitude, comportement, mais rien nous détourne de notre objectif. La peur se retrouve présente, mais elle est éteinte. Le temps s’efface. Tout change et saute en éclat. Les représentations, nos capacités s’envolent. Lorsque l’égo, le moi se tait, qu’il n’y a plus rien sauf être dans l’instant. Ce qui peut être simplement mettre un pieds devant l’autre. A ce moment là tout devient possible.
Au final Qu’est-ce qui s’en dégage de cette limite.
– La connaissance de soi, concrète, brut, sans chichi. Se voir tel que nous sommes.
– La recherche d’un état d’une extrême conscience, lucidité, liberté dans l’instant.
– Mais un état conditionné aux circonstances.
– Des sensations physiques extrêmes euphorisantes.
– la limite est très marquée mentalement, elle très évolutive et irrégulière.
On voit bien les dérives de la limite. Elle peut nous amener vers le toujours plus, ou à l’inverse jamais s’en approcher. C’est toujours pareil il n’y a jamais de choix évident, parfois il faut un peu de ceci et un peu de cela. Toujours est il que la limite peu importe son intensité, sa valeur, son champ d’application, le sujet, est un moyen d’accéder vers des couches plus profondes de notre être que notre vie quotidienne ne nous permettent pas de révéler. Personne n’a dit qu’il fallait se mettre en danger pour aller réveiller ses couches, il faut resté lucide et conscient de nos actes, sinon nous tombons dans la témérité, l’insouciance. On peut travailler un aspect à la fois. Du coup le dosage n’est pas bon. La représentation du danger aussi est très variable. Il y a aussi d’autres moyens d’acquérir la connaissance de soi, comme la méditation par exemple.
Si nous prenions le temps d’observer, de regarder pour de vrai. Ne pas interpréter les événements avec nos yeux, notre histoire mais avec un regard neuf, comme si c’était la première fois que vous ouvriez le yeux.
Si chacun pouvais regarder avec autre chose qu’une attente, entrer en relation sans autre chose que le moment présent qui est en train de se passer. Vivre l’instant sans rien chercher, sans porter un jugement.
l’ingrédient secret?
L’observation changerait l’ensemble de nos communications. La compréhension du message serait la base de l’échange. C’est tout simplement notre relation au monde qui évoluerait. Je fais le pari que l’observation désintéressée, sans l’intervention de son histoire changerait nos vies.
Mais que d’efforts à fournir pour faire taire ses constructions mentales, que de travail pour développer cette capacité d’écoute sans interprétation catégorisante, en cherchant la simplification des choses.
Pourquoi l’individu cherche toujours à mettre les choses, les gens, les réactions dans des cases? Chercher la simplification ne rend pas les événements plus simples. Cela limite simplement le champ des possibles et l’explication véritable, si il y en a bien une. Catégoriser, c’est se simplifier la vie, se rassurer, s’imaginer mais en aucun cas c’est comprendre. Car la vie en générale est multiple, en constant mouvement ce qui est l’inverse de la catégorie qui est figée. Enfin la catégorie nous donne des airs de savoirs. Accepter que tout change, c’est embrasser l’incertitude et reconnaître de ne pas savoir, peut – être.
Au final la catégorie pour simplifier, complique notre rapport aux autres, au monde car elle oublie volontairement, implique une forme de jugement, d’ordre établi.
Vous me direz il est facile de s’abandonner au rythme de la vie en vacances. Surtout avec un rythme extrêmement dynamique du genre :
Commence le matin doucement pour ralentir progressivement au cours de l‘après-midi.
Si ce genre de lâcher prise est tout à fait ressourçant, il est loin de définir complètement ce qu’est le lâcher prise.
comment le définir
S’abandonner aux mouvements de la vie.
C’est pour moi la meilleure description de ce qu’est le lâcher prise.
Dans cette notion d’abandon lié aux mouvements de la vie il y’a :
L’acceptation
Le référentiel
Les peurs
L’action
La connaissance
Le présent – Le temps
L’observation
La peur comme évidence
Si une chose est sûre c’est que la vie n’est que mouvement. Tout n’est qu’incertitude. Même si vous considérez que certaines choses sont stables, établies, ce n’est que pour un certain temps. Rien n’est jamais immuable.
Cet état changeant crée de la peur. Certains d’entres nous font leur maximum pour prévoir, anticiper. Ces habitudes et tous les conditionnements qui en résultent, nous donne l’illusion que rien ne change. Se projeter, avoir des objectifs devient réconfortant. Nous savons dans quelle direction aller.
Ce que je veux dire c’est que nous faisons tout pour contrôler les mouvements de la vie. Tout en sachant au fond de nous que tout cela est vain. Nous développons tout un jeu de besoins, d’envies, de désirs pour nous aider à combler l’incertitude.
L’acception
Mais il suffit d’un événement, pour que tout s’effondre. Peu importe ce que c’est, chacun le sien. Mais réaliser cette précarité, cette incertitude de la vie nous rend fragile. La peur de vivre arrive.
Nous n’avons pas le choix. Il nous faut accepter l’incertitude permanente, accepter de vivre avec la peur, prendre cette prise de risque, cette inconnue. Il faut s’abandonner aux mouvements de la vie.
comment faire ?
Les référentiels
Nous ne pouvons pas influencer sur les conditions extérieures, c’est à dire tout ce qui est en dehors de nous, même si certains événements pourrait laisser croire que nous avons un certain pouvoir sur les choses, ce n’est qu’une question de degré, il y en aura toujours qui s’imposeront à nous. Nous ne pouvons que nous adapter. Prendre conscience de cela est la première étape.
La seule chose qui est en notre pouvoir c’est nous mêmes. Même si cela est loin d’être évident, demande une énergie conséquente, nous pouvons évoluer, changer, progresser.
Le temps – Le présent
On voit bien que le paramètre qui va influencer notre réponse c’est le temps. Que tout contre argumentation ne résiste pas à l’épreuve du temps. On en revient au départ : tout n’est que mouvement.
Et chercher à rendre stable, inerte, immuable une chose, un fait, un événement est vain.
Donc concentrons nous sur nous mêmes. Pour changer, influencer, modifier, se transformer, prendre conscience, il faut apprendre à se connaître. Et il faut aller le plus loin possible de la façon la plus fine possible.
Quels sont mes schémas de fonctionnement ? Quels sont mes conditionnements? Quelles capacités, intérêts, etc.
Apprendre à se connaître est le seul moyen possible pour être capable de supporter l’incertitude.
La connaissance de soi doit être tournée de plus en plus vers l’instant. Comme tout est mouvement, regarder ce qui était hier ou essayer de prévoir demain ne sert à rien. Nous retombons dans les projections, l’imagination. Une connaissance profonde et sincère ne peut être tournée que dans l’instant, le présent. Reprenez votre corps. Certains jours il est comme ça et d’autres il est autrement. Même si vous avez une discipline extrême, vous ne pourrez pas éviter de micro changements. Se connaître parfaitement ne peut être que dans le présent.
L’observation
Et pour développer cette connaissance de nous même dans l’instant, il faut développer un sens profond de l’observation. Mais une observation sans jugements, sans conditionnements. C’est à dire essayer de regarder sans le filtre de nos expériences passées, sans nos influences et nos croyances. Juste regarder profondément. C’est quand le mental s’éteint. Comme devant un paysage magnifique et que le silence s’impose et qu’il n’y a que de la contemplation.
Alors quand est il
Pour conclure, je vous dirai qu’il y a toujours plusieurs niveaux de lecture de chaque principe. Le lâcher prise n’est pas une simple idée de ressourcement, pour recharger des batteries. Ce n’est pas non plus une certaine idée de s’engager avec l’incertitude qui en découle, sans savoir précisément ce que demain sera fait. Cela va plus loin. Beaucoup plus loin. C’est une véritable quête vers une libération de nos peurs, de nos conditionnements. C’est arpenter le chemin de la connaissance de Soi de manière profonde, fine et intense.
C’est à cette condition que l’abandon aux mouvements de la vie, que le lâcher prise se fera sans conséquences, sans drame. Tout est bien. Et ce n’est pas une passivité totale. Nous pouvons agir! Bien sûr. Mais nos actions ne seront pas soumises à aucune sorte d’influence. Nous pourrons nous engager totalement dans l’action sans chercher un but, un résultat. Sinon cela reviendrait à retomber dans nos conditionnements.
C’est abstrait, déconnecté du quotidien, ce que je raconte ? Et pourtant il n’y a rien de plus réel que ça, de plus concret. Interrogez vous, questionnez vous. Les grands textes et penseurs ne disent pas autre chose. Cela nécessite un engagement total de notre part. Mais on est pas obligé de se prendre trop au sérieux pour cela, on peut le faire avec joie et humour.
Je suis actuellement en vacances ! Je profite très bien de cette période 😉. nous avons choisi un lieu très différent de nos montagnes chamoniardes. Je dirai même que c’est l’exact opposé. Nous sommes à la mer.
Ce qui m’intéresse ici c’est les effets que ce changement de géographie produit sur le corps et sur notre esprit.
Les caractéristiques géographiques
Il y’a tout un tas de caractéristiques différentes entre les montagnes et le bord de mer. Essayons de les passer en revue :
L’altitude
L’humidité
La luminosité
La température et l’amplitude thermique
J’en ai certainement oublié et je compte sur vous pour compléter cette liste😉. En tout cas j’ai essayé de trouver les facteurs déterminants entraînant une réaction sur notre être.
Il me sera impossible ici d’étudier les conséquences de chaque élément séparément les uns par rapport aux autres. Il faudrait trouver des lieux où simplement un des facteurs varie. Et ensuite avoir une sensibilité suffisante pour ressentir ces variations. Ici nous changeons tout. C’est beaucoup plus facile à percevoir les changements.
Les adaptations en questions
Les différences
D’abord le premier élément qui nous saute aux yeux c’est la chaleur. Celle ci est constante. Et cela nous change beaucoup d’amplitude thermique importante de plus de 20 degrés parfois. Un autre élément qui va avec cette chaleur car elle lui donne une particularité c’est l’humidité. Grâce à la mer, la chaleur est constante et humide.
Globalement ce qui est frappant ici c’est la constance de l’environnement. Il y fait chaud, humide, très lumineux, avec un légère bise qui est salvatrice. Dans les montagnes c’est l’exact opposé. Variations des températures, changement permanent des vents, de la luminosité. La seule constante est l’atmosphère sec chez nous.
Que se passe t’il au niveau du corps ?
Et bien c’est une transformation en profondeur qui dure sur plusieurs jours. Aujourd’hui c’est le deuxième et cela continue.
D’abord la transpiration est abondante, elle a tendance à se réguler au fur et à mesure des jours. La circulation sanguine est très périphérique. J’ai la sensation que le corps chauffe de l’intérieur et qu’il envoie tous les fluides près de la peau pour essayer de les rafraîchir. Ce qui produit des sensations de gonflements. Pour le moment toutes mes amplitudes de mouvements sont pour ainsi dire limitées, comme coincées par le gonflement.
Et la faim. Une envie de manger plus grande que d’habitude. Boire devient une obsession. Je crois qu’il nous faut beaucoup d’énergie pour nous adapter à ce nouvel environnement. On se sent comme les chiens qui mangent et vont faire une sieste à l’ombre en se laissant écrouler par terre dans un soupir bruyant signalant à tous qu’ils ont tout donné. Et sieste à gogos.
Forcément on se sent comme au ralenti. D’un dynamisme relatif dans ces conditions. Notre esprit est plutôt anesthésié. On commence doucement le matin pour ralentir l’après midi. Du coup, l’importance de chaque événement s’atténue. Mais on s’exprime avec force. Cela évite d’agir !
Après quelques jours
Et bien tout se met en place! L’énergie remonte et la faim se régule. La transpiration devient moins importante. La soif diminue. En gros nous avons moins chaud 🥵 malgré des températures similaires. Le corps c’est adapté à son environnement ! Je suis toujours fasciné par nos capacités d’adaptation. Quelque soit le milieu, il y’a toujours des êtres humains. Dans le règne animal, chaque espèce a une particularité physiologique qui lui garantit une place dans son écosystème. Ainsi le félin a des griffes, des crocs et il est très véloce. Il est construit pour son rôle de prédateur. Et la notre, ne serait ce pas cette faculté à nous adapter quelque soit notre milieu de vie ? Notre gros cerveau 🧠 nous servirait pas plutôt à cela ? Nous adapter !
Il y a quand même une particularité qui demeure après quelques jours, qui s’est installée. J’ai gonflé ! Plaisanterie à part, mon corps a pris plus de place. Toute ma circulation passe dans la périphérie, au plus près de la peau pour se rafraîchir. Je dirais même que les réseaux de circulation ont augmenté pour accroître le temps de rafraîchissement. Si mes articulations ont retrouvé voir augmenté leur mobilité et amplitude, le fait de passer à une circulation plus périphérique donne une plus grande lubrification du corps et une plus grande souplesse. À vérifier sur ☝️ un plus long terme.
Et pour finir
Cette adaptation à la géographie est fascinante. Même si tout cela est de l’ordre de la sensation, il n’empêche qu’une connaissance de plus en plus fine du corps permet d’approcher toutes ces adaptations. Et ce qui me plaît encore plus, c’est l’idée que le milieu façonne les gens. Ainsi une personne qui habite dans le sud au bord de l’eau n’est pas la même physiologiquement qu’une autre habitant dans l’Est, etc…. Ces différences subtiles nous permettent d’être le plus efficace possible dans notre milieu. C’est toujours nous qui nous adaptons au milieu et jamais l’inverse. Sans s’en rendre compte, nous sommes naturellement en harmonie avec la nature, enfin notre corps. Faut-il rajouter la tête.
Je ne tiens pas à donner une définition académique. Ce qui m’intéresse est de savoir comment je perçois les choses et le lien avec le yoga. Je m’appliquerai à observer les implications sur notre champ d’étude : le corps et notre psyché au travers du yoga.
Comment pourrions nous définir la norme ?
La norme est ce que la majorité du groupe sociale admet comme comportements reconnus et valorisés. C’est ce que je suis censé faire. Ces comportements vont justifier d’une place dans la société.
2. Les caractéristiques de la norme
– La norme n’est pas forcément meilleure pour notre bien être.
Entendons nous bien, la norme n’a pas forcément de crédits scientifiques, basée sur notre santé ou le mieux-être. Pas du tout, c’est simplement ce que le plus grand nombre valorise.
– La norme n’est pas figée.
Elle évolue au cours du temps. Ainsi un comportement valorisé il y a 50 ans ne l’est pas forcément aujourd’hui. C’est peut-être même l’inverse.
– La norme est influencée par notre appartenance à un groupe social et à différents niveaux.
Mes choix de vie sont généralement influencés par le milieu auquel j’appartiens. Mes choix, mes comportements sont le résultats des groupes sociaux dans lesquels j’évolue. Et il n’y en a pas qu’un. Ils sont multiples.
Nous avons un besoin d’appartenir à tel ou tel groupe, d’adopter tel comportement.
Ces groupes sont de plus en plus étroits, c’est à dire définis (leurs règles, leurs caractéristiques). Dans le même temps, nous pouvons appartenir à plusieurs d’entre eux.
Les appartenances bougent, évoluent, se modifient au cours du temps, parfois rapidement.
– La norme n’est pas uniquement d’ordre comportemental mais aussi physique.Nos habitudes de vie influencent forcément la façon de nous tenir, de marcher, de nous comporter. Et donc notre corps. Notre façon de vivre n’est jamais neutre. Le lieu où j’habite, les coutumes de mes groupes sociaux façonnent notre corps.
Un exemple que je vous répète sans cesse: Porter des chaussures avec des semelles très épaisses et molles aura des conséquences sur votre façon de marcher, sur votre façon de vous tenir debout, et donc sur l’ensemble de votre musculature.
C’est bien l’usage de la chaussure, sa construction qui modifie un comportement physique.
Aujourd’hui les habitudes en terme de chaussures, la norme admise, sont diverses. On peut chercher à s’isoler du sol, à rebondir, à trouver les meilleurs amortis possible. Ou bien travailler sur des rigidités de la chaussure pour maintenir le couple pieds, cheville. Ou encore mettre des talons très haut pour s’élever du sol pour changer son apparence pour des questions esthétiques. Ou l’activité façonne la chaussure.
Mais est-ce mieux pour notre santé, notre mieux être? La norme fait que c’est admis par tous, sans savoir si ces façons sont les plus judicieuses pour le corps. Personnellement je n’en suis pas sûr du tout et j’aurais même un avis opposé.
3. Et donc…
Trés bien et on fait quoi avec tout ça. Quel est le lien avec le yoga? Et surtout qu’est ce que cela peut faire?
Encore une fois c’est la conscience. Etre conscient de. Cela ne veut pas dire qu’il faut tout rejeter, non Mais simplement se poser la question est-ce bon pour moi?
Revenons sur le yoga et l’asana, la posture de yoga. La norme en la matière nous dit qu’une posture doit être faite d’une certaine manière, avec tel placement, telle intensité. Évidement suivant l’école, le style de yoga que vous pratiquez, et bien les consignes peuvent être très différentes voir opposées ! Alors?
Posez-vous la question : est-ce que cette façon de faire me correspond ? Dois-je absolument poser ma main là ou mon pied?
Nous avons tous des apriori guidé par la norme de ce qui devrait être fait. Parce que c’est la tradition, parce que j’ai appris comme ça, etc… Mais la vraie question est : Moi qu’est ce que j’en pense?
Ce Moi est essentiel. Il comprend un regard objectif qui se détache de tout. Qu’elles sont mes sensations, mes actions, mes ressentis, mes caractéristiques.Tout est une question d’expérimentation, d’écoute sincère et d’adaptation. Et en aucune façon de ce qui devrait être fait. Au final ce n’est jamais une question de but, de performance, mais de cheminement.
Dit autrement, nous pourrions avoir un comportement vu de l’extérieur qui ressemble à ce que la norme nous dicte, mais si le cheminement pour y arriver a été basé sur LE MOI en tant que choix pertinent, détaché le plus possible de la norme alors c’est parfait. D’où toujours agir en conscience.
4. Vers une philosophie de vie
Il faut simplement être conscient du poids de la norme dans nos vies. Se poser la question du choix. Évidemment que les choix seront influencés par la norme. Mais je voudrai vous pointer du doigts autre chose. C’est l’aspiration intérieure, le désir profond. Rien de matériel là dedans. C’est intérieur, uniquement.
Quel est mon aspiration? Quel est ce désir qui me porte? Quelle est ma motivation? Mon épanouissement? Personne d’autres que vous même peut répondre.
La norme parasite cette vision, elle vient la dissimuler.
Il faut du temps, apprendre à se connaître profondément pour répondre et cerner ces questions. Découvrir le SOI, dirait les yogi. On peut tout à fait arrêter de se poser ce genre de questions et vivre tout à fait bien. J’ai rien contre mais cette façon de vivre ne m’intéresse pas. Rechercher à vivre pleinement, en conscience, entièrement, avec le moins d’influences possible, en écoutant mes aspirations profondes, que je ne connais pas forcément complètement, voilà une aventure passionnante.
Et en Même temps :
Parfois J’en arrive à me poser la question faut-il avoir une place? Un rôle à jouer, une utilité? La norme veut que chacun est sa place pour contribuer au fonctionnement de la société. Certaines places étant beaucoup plus valorisée que d’autres. En ce moment nous sommes dans un monde basé sur la performance et le visuel, et ce sur tous les plans: professionnel, loisirs, familial, amoureux, etc… Et si nous revendiquions le droit à l’échec ! le droit à la paresse, au rien faire d’utile, à l’ennui, à juste être sans chercher de résultat.
Peut être qu’il n’y a aucune raison à vivre. C’est à dire qu’il n’y a peut être aucun but dans la vie que la vie elle même. C’est à dire encore que nous sommes sur cette terre juste pour vivre, sans accomplissement aucun. Juste vivre, quelque soit cette vie. Pas de grands dessins, juste la vie.
Alors retour à quoi faire??
Ce qui nous met face à une grande responsabilité. Le choix.
Le choix d’essayer de suivre ses aspirations les plus profondes, La quête du bonheur, le choix d’essayer de ne pas être sous influences de la norme, le choix de choisir en conscience, le choix du choix. Ce qui peut être le choix du rien.
Bien sûr, nous n’avons pas tous les mêmes conditions de vie, les mêmes facilités, les mêmes opportunités, les mêmes histoires, les mêmes chances. Mais nous avons tous la capacité de choisir. Parfois les conséquences sont heureuses, parfois les conséquences sont malheureuses. Mais au final c’est toujours les choix fait en conscience avec tout ce que cela implique, ce que j’ai essayé de dégrossir dans cet article, qui feront la différence. Que nous répondions à une aspiration ou non. Car à ce moment là vous aurez fait des choix en étant libre.
Pour conclure le choix conscient est un choix libre de tout entrave, ici la norme. Le choix conscient est une quête vers la liberté, qui n’est rien d’autre qu’une quête vers la Vérité. Pour le yogi, tout son travail n’est autre que cette quête de Vérité Absolue.
A partir de lundi, j’ai le plaisir de vous annoncer que j’intègre le studio de yoga de la Folie douce !
Et en plus, nos horaires restent identiques. C’est à dire que vous n’avez pas à changer vos habitudes 😊. On se retrouve les lundis à 19h15, les jeudis à 19h et les vendredis à 9h.
Et oui les cours du vendredi matin reviennent👌 .
Il y aura aussi la reprise des ateliers du dimanche 1 fois par mois, et aussi un samedi soir 1 fois par mois.
Pour Passy le mardi 19h reste. Le vendredi j’arrête. Il n’y avait plus personne depuis un moment.
Programme de l’été
L’été va être dense. Entre les stages, le nouveau studio, le partenariat avec Icebreaker, il y aura beaucoup de propositions.
Disons le tout de suite, il ne s’agit pas de faire pour faire. Il n’y a aucun intérêt. Il faut pratiquer avec intelligence. C’est à dire réfléchir au comment je fais les choses et quelles actions j’entreprends pour réaliser une posture.
Développer l’intelligence du corps.
Ceux qui me connaissent, savent à quel point j’affectionne ces principes et à quel point ils peuvent tout changer. Nous pouvons passer d’une pratique très extérieure (l’apparence de la posture) à quelque chose de beaucoup plus sensorielle, plus intérieure, favorisant le comment plutôt que le résultat.
L’attitude juste va consister à se mettre dans un état qui va nous permettre de pratiquer en conscience. Le mot « juste » est essentiel. Il représente le bon dosage. Le ni trop peu et le ne ni trop fort.
L’attitude juste est aussi un état. C’est à dire se mettre en condition. Mettre en place toute une série de concentrations, d’actions, de focalisations pour obtenir l’état de l’attitude juste.
Je vous invite à relire l’article sur la justesse pour bien comprendre le cadre de cette histoire.
Voici quelques éléments de réflexion qui vont permettre cet état juste.
1° Le mouvement ne va pas de soi. C’est toujours un Choix
Nous n’y pensons jamais tellement cela va de soi. Bouger, se déplacer, se mouvoir, fait partie de notre nature. Le mouvement et plus exactement la façon dont nous bougeons est le reflet de notre histoire. Ce que je veux dire exactement c’est qu’il n’y a pas une façon de bouger, il y a une multitude de façons. Et toutes n’ont pas le même impact sur le corps. Allons plus loin et disons que chaque organisation pour bouger aura un impact différent sur chaque corps. Ainsi même si des tendances se dégagent sur le meilleur moyen d’organiser un mouvement, il faut avant tout trouver la façon qui nous convienne.
Développer son intelligence du corps. Etre capable de trouver sa façon de bouger.
Le mouvement quelqu’il soit est d’abord un choix. Lever un bras par exemple. Et bien nous pouvons lever le bras à partir de l’épaule, du coude, du poignet ou bien encore des doigts. Et alors me direz vous? Et bien toute ces façons vont mobiliser les muscles de différentes façons, de différentes intensités. Ce qui va créer des aisances, des tensions très différentes. Maintenant si vous développez toujours la même façon de lever le bras pour poursuivre l’exemple, vous allez développer sur le long terme des tensions et des résistances qui vous limiteront.
2° etre grand s’expenser
L’attitude juste c’est aussi une tenue. Comment je me tiens debout et comment je me porte. Pour être à même de ressentir toutes les infos que le corps peut transmettre, il faut se mettre en connexion. Être grand toujours, en expansion permanente. Dans l’idée j’occupe toute la place que je peux avec mon corps, j’essaie d’aller dans les moindres recoins disponibles et je prends la place. Cette attitude permet la communication, la légèreté. Cette attitude sans tension (musculaires ou physique) mais mis sous tension (disponible, alerte ) nous rend à l’écoute de nos ressentis et de nos sensations.
3° Le discernement
Apprendre à dialoguer avec la douleur. La douleur n’est pas forcément mauvaise et à éviter à tout pris. Il y a la bonne et la mauvaise douleur. Etirer un muscle peut être douloureux, mais c’est pour le mieux. Encore faut-il ne pas contracter en même temps un muscle qu’on étire, car la douleur est plus forte et le résultat moins efficace. Et puis il y a la douleur au niveau articulaire, et puis différentes sensations allant du point que l’on peut ressentir à une aiguille que l’on enfonce. Tout ceci est à prendre avec vigilance et ce n’est clairement pas une bonne douleur. Il faut donc agir pour modifier, voir changer de méthode.
4°dosage
Le discernement va avec le dosage. En effet on veut toujours plus. Toujours aller plus loin. Aller au maximum. Toucher ses orteils avec les mains et tirer, il le faut.
Et bien non pas du tout.
Pas besoin d’aller loin, d’aller à ce maximum pour ressentir un étirement efficace. Un bon dosage est le juste ce qu’il faut pour que le corps tout en restant dans la détente s’ouvre, s’allonge.
Il y a aussi une notion de dosage dans l’intensité. Nous connaissons le max d’intensité, parfois le rien du tout (certains ne la connaissent même pas. Cela veut dire qu’il y a une tension permanente ). Mais entre les deux rien.
Il y a tellement de choix possibles entre ces deux extrêmes. Alors apprenons à doser.
5° respirer
La respiration sera toujours notre meilleure guide. Elle permet de contrôler l’état général du corps. C’est notre système de surveillance. Celui qui vérifie si nous sommes dans la bonne attitude. Sinon la respiration sera bloquée. Là où il y a tension, la respiration ne passe pas.
Elle permet aussi d’aller au bout, d’ouvrir de nouvelles ouvertures, directions, disponibilités. Ainsi lorsque vous êtes au maximum de vos possibilités la respiration, en la dirigeant dans la bonne direction, vous permet de trouver progressivement un chemin vers plus d’ouverture, vers de micro mouvements, vers plus de détente.
6° développer ses sensations: La présence
Enfin L’attitude juste se matérialise par la présence. Lorsque tous ses éléments sont réunis, que tout vient s’imbriquer parfaitement, naturellement. Alors les sensations s’affinent, tout devient juste, tout est là. Il n’y a plus qu’à respirer, on ne ressent rien de Particulier, nous sommes bien. L’attitude juste. Nous incarnons la posture. Nous sommes extrêmement présent: la présence.
Qu’entendons nous pour intuition ? On peut la définir de plusieurs manières différentes, mais la définition qui m’intéresse aujourd’hui est :
L’intuition c’est sentir, ressentir des directions, des orientations de vie qui ne correspondent pas à des choix raisonnables. C’est à dire lié à la raison, à la tête. Dit autrement qui viennent des tripes, du corps, du coeur.
Tout est énergie, tout n’est que mouvement. Ce mouvement crée de la manifestation, des événements qui se réalisent. Cela peut paraître abstrait mais pas du tout. Simplement pour qu’un événement se manifeste disons qu’il faut qu’une quantité d’informations (les causes) soit suffisante.
Cela pourrait aboutir à une vision très déterministe des événements et de la vie en générale. Pas tout à fait. Ces informations sont en état de potentialité et ce sont les choix, réactions, attitudes, les désirs de chacun qui vont aboutir à une combinaison d’informations particulière.
La question qui vient : L’intuition c’est quoi son rôle la dedans?
L’intuition serait perçue comme des indices, des informations captées en plein vol. Cela serait le meilleur choix possible pour nous. Y aurait-il un plan? Une direction pour chacun? Peut être.
Ou nous pourrions voir cela comme le choix et le désir du Soi. Ce qui se loge au plus profond de nous qu’il nous faut révéler, trouver, prendre conscience. Alors l’intuition serait des expressions du Soi qui se révèle, qui sait. Il nous est voilé, l’intuition pourrait être une ouverture par lequel le Soi nous parle.
Je consacrerai un article sur le Soi prochainement. En attendant relisez les articles sur la peur et la justesse. Ils viendront compléter à merveille celui-ci.
L’idée générale va être de développer notre capacité à saisir ces informations.
Il va falloir ce rendre disponible pour s’ouvrir à l’intuition. Il faut passer par le corps. Etre à l’écoute.
Les sens : les 5 sens + la proprioception
C’est d’abord se rendre compte que nous avons tous tendance à valoriser un sens plus que les autres. Dans notre société actuelle c’est la vue qui est mise sur un piédestal.
Le touché est mon préféré. Sa sensibilité est comme des yeux, mais aussi notre meilleur moyen de communiquer, créer des liens, transmettre des émotions, des sentiments.
Plus globalement il nous faut entretenir et développer notre sphère sensorielle. Comment faisons nous cela? Par l’attention, la concentration sur chacun d’eux lorsqu’ils fonctionnent.
La sensibilité
Ensuite augmenter notre sensibilité, c’est à dire devenir plus sensible à ce qui se passe en nous et en dehors de nous. Pour cela le yoga est l’outil de prédilection. Ne pas se verrouiller, mais se connecter. rester léger.
la compassion
Cette capacité à se mettre à la place de l’autre. A écouter avec attention, à essayer de comprendre la position de l’autre. Etre attentif à l’autre à la situation et à soi-même. Cette attention doit se faire sans le filtre de nos conditionnements, expériences, connaissances qui chercheraient à interpréter, juger, porter un avis.
La tête-Agir
Ainsi les sens sont les capteurs, la sensibilité nous permet de rendre les capteurs plus sensibles , la compassion c’est la sensibilité elle même. Mais tout cela restera vain si il n’y a pas d’action derrière, si cette sensation, ce murmure qui est là au fond de nous reste là. C’est alors un acte manqué. Il faut y aller.
Alors la tête est là un peu pour saborder cette entreprise. La peur, la raison, le qu’en dira t’on, le manque de temps et tout un tas d’excuses sont là pour nous empêcher de prendre ce murmure. Mais il faut oser écouter cette intuition.
De plus il faut apprendre à reconnaître les signes. C’est un apprentissage.
Pour finir
Qui dit apprentissage, dit erreur, échec, recommencer, persévérer. C’est au fur et à mesure que le tout se peaufine, devient plus efficace. De mon côté je dois vraiment améliorer la tête et l’agir. Il y a toujours à progresser.
Pourquoi au final? Pour que la vie devienne de plus en plus inattendue, riche, épanouissante. Pour aller vers la complétude, le bonheur. Ne pas se laisser envahir par de mauvaises habitudes. Pour continuer à apprendre, à avancer, à découvrir le qui je suis.
C’est vrai après tout. Pourquoi aller chercher de l’autre côté? L’herbe est-elle plus verte?
L’important c’est toujours le chemin. C’est dans le chemin que nous apprenons à nous connaître, que nous développons notre conscience. Alors traverser devient essentiel car c’est par ce moyen que nous nous transformons.
Rappelez vous l’article sur la justesse. Soyons précis, c’est l’acte de traverser qui est essentiel, non d’atteindre l’autre côté.Il ne faut pas s’attacher au but, ni même finalement en avoir un, il faut cependant entretenir un désir profond d’aller quelque part.
Quoi?
Il ne faut pas avoir de but mais avoir un désir pour un but que nous ne connaissons même pas. Oui.
Au final ce but est la découverte du Soi. Le Soi c’est ce petit truc au fond de notre être qui nous interroge sur le sens de notre vie, notre potentiel, notre place, notre complétude. C’est aussi l’instinct. Un irrésistible besoin de traverser, même si cela semble irrationnel. Ce but ne peut être précis. Il ne peut que se dévoiler au fur et à mesure de nos expériences, de nos prises de conscience, de nos connaissances. Plus je vis, plus j’en apprends sur le Moi, sur ce que je Suis, Ce qui m’entoure.
Nous avons abordé la semaine dernière la peur. Nous avons décrit un peu d’où elle vient, son utilité. Nous avons vu qu’elle était sous très haute influence. Je vous invite à relire l’article .
Cette semaine nous allons voir ce que l’on fait de tout ça. Notre meilleur support sera l’intelligence. Ce que je nomme intelligence, c’est notre capacité à faire des choix. Mais des choix conscients. C’est à dire qui ne seront pas dictés par le mental qui fait toujours tout pour favoriser le plaisir et s’éloigner de la souffrance et donc de la peur. L’intelligence vient interroger nos expériences passées avec discernement. Elle vient créer des solutions originales pour traverser la peur. Voyons de plus près ses solutions.
Le Soi est un peu une conquête par l’expérience de vie. Mais il faut un désir profond de le connaître pour pouvoir le rencontrer. Sinon nous passerons à côté. Et ce n’est pas grave. Chacun doit vivre sa vie.
Nos outils sont tout ce qui nous permet d’interagir avec le monde: le corps, le mental, l’intelligence, l’énergie et le Soi. Il faut donc affûter chaque élément en vivant, en agissant, en apprenant. Plus nous vivons en conscience plus nous nous nous rapprochons du Soi et plus le Soi se dévoile et influence nos décisions. Agir face à la peur est une excellente illustration pour avancer vers le Soi.
2.L’action, mais pas que…
Se mettre en mouvement, avec le plus d’intelligence possible. La peur est là, que faire? Il faut pourtant continuer. Prendre son courage à deux mains. Oui, c’est bien, mais pas suffisant. Avant tout il nous faut une stratégie.
1- Prendre de la hauteur pour analyser la situation objectivement.
Restons lucide et ne cédons pas à la panique. Vous me direz parfois c’est plus fort que nous. Oui mais il faudra dans ce cas un choc plus ou moins fort pour vous faire revenir à vous. Il y a toujours un espace de lucidité. Se concentrer sur Soi et non sur l’émotion. C’est dans ce sens que souvent on dit « je ne suis pas la peur ». Se concentrer sur la respiration est d’une aide vitale. Calmer sa respiration par le nez et lentement devient magique. Là vous pouvez prendre du recul sur la situation et analyser.
2- Etablir un cheminement.
Dans chaque situation il y a des points d’ancrages. C’est à dire des points qui vont soutenir la traversée. Cela peut être se concentrer sur l’autre côté, sur des lignes, etc… Ce sont des repères sur lesquels nous pouvons nous appuyer. Ne pas hésiter à prendre un peu de temps. La précipitation conduit souvent à l’échec.
3- Se lancer.
Personne ne pourra le faire à votre place. C’est ce qui est le plus effrayant et en même temps le plus formateur est gratifiant.
4- Echouer.
Tomber, renoncer, fond parti du cheminement. Et en aucun cas ceci est un échec. Au contraire. Et si l’échec était notre plus grande source de réussite! C’est à dire si l’échec nous permettait de progresser tellement plus.
5- Réajuster et recommencer jusqu’à réussir.
Il n’y a rien de magique, ni d’héroïque. Il y a juste du travail, du temps et de la patience. Oui parfois c’est plus difficile que d’autres. Nous ne sommes pas constants. Il y a des moments de découragements, oui. Mais cela fait parti du cheminement. Il faut embrasser tous les aspects de l’apprentissage.
6- Améliorer, progresser, adapter pour les prochaines fois
Il y a toujours d’autres peurs, d’autres traversées. La peur ne disparaît pas, mais grâce à ce procédé, et bien nous l’apprivoisons au fur et à mesure. Elle nous atteint de moins en moins, nous nous focalisons sur l’essentiel de plus en plus vite.
Si nous ne pratiquons pas régulièrement, nos bons mécanismes se tarissent et nous devons recommencer. Et lorsque la peur est plus grande il faut recommencer toujours le même processus, trouver des points d’ancrage plus subtils pour pourvoir avancer.
C’est une émotion des plus fortes et des plus primaires. Elle est constitutive de notre nature. Elle est avec nous depuis l’origine de l’humanité et est commune à l’ensemble du monde vivant sous une forme ou une autre. Elle est puissante car elle peut piloter nos comportements, nos réactions, nos choix. Elle est consciente ou pas. Elle est présente à tous les niveaux, tous les plans.
Cela fait un moment que je voulais écrire sur la peur. Plus le temps passe, plus cette émotion m’interpelle. J’ai la sensation qu’elle régit de plus en plus notre vie. Nous sommes prêts pour l’éviter à entrer dans des processus parfois insensés.
Nous allons simplement souligner quelques points qui permettront d’amorcer une réflexion sur ce sujet.
2.La peur : à quoi ça sert?
Tout un jeu de mécanismes physiologiques va se mettre en marche. L’idée c’est quoi? Etre prêt à réagir au danger qui se traduira par la fuite ou la lutte par exemple. Mais aussi dans certain cas la paralysie. Le système sympathique va être activé afin que nous soyons réactifs, un afflux sanguin important va être envoyé aux muscles, Les sens vont être en alerte. Les fonctions non essentielles dans le cas d’un danger vont se mettre en sommeil ou diminuer leur activité, comme la digestion par exemple, tout le corps se met en mode je suis prêt à réagir.
Je ne rentre pas dans le détail de tous les mécanismes, ce n’est pas le propos. Ce qu’il faut retenir, c’est que la peur entraîne une réaction physiologique naturelle et automatique.
2. Mais…
Il y a toujours un mais. Les choses ne sont pas aussi simples. Si la peur a son utilité, le cerveau ne fait pas la différence entre un danger réel et imaginaire. C’est à dire que l’information à la même valeur que se soit un danger réel ou n’importe quelle situation interprétée (consciemment ou pas) comme dangereuse. Exemple :
Le corps réagit de la même manière devant une voiture qui fonce sur vous et la peur de l’obscurité. Nous sommes bien d’accord que tout cela dépend de chacun et comment nous gérons la peur et ce que nous considérons comme faisant peur. Et c’est cela qui fait toute la différence. La peur n’est pas du tout homogène, indépendante de nous. Elle ne dépend que de nous et de la façon dont nous l’interprétons.
La peur est sous haute influence:
L’influence du groupe.
La peur est apprise. De génération en génération nous apprenons à nous méfier de telle ou telle menace. Gardez bien en tête que cette menace n’est pas obligatoirement un danger réel et concret. Cela peut être tout aussi hypothétique. C’est aussi ce que les usages et coutumes du groupe dans lequel je suis, considère comme menaçants. Ça peut être la peur de la pluie, parce qu’elle mouille, cela peut être le fait de vivre seul sans un cercle familial, le manque d’argent, et de multitudes possibilités. Tout dépend dans quelle société vous vivez et de ses valeurs, croyances, constructions, etc..
Ce groupe est multiple. Nous avons parlé de la société, mais il est aussi plus restreint, le cercle familial en est un autre. Et les groupes vont s’additionner suivant notre façon de vivre. Il y a les cercles d’amis, de croyances, de travail, loisirs, etc… A vous de chercher et compléter.
-L’influence personnelle .
Notre expérience va influencer nos peurs. Les mauvaises expériences de notre vie va favoriser la peur que cela se reproduise. Encore une fois l’expérience peut être une blessure, maladie mais aussi, tentons cet exemple fumeux :
ex: la télé tombe en panne, comment je vais faire pour suivre ma série ?
Il y a une échelle de valeur et d’intensité. Suivant ce que je considère comme important, nécessaire, dangereux, etc, je vais développer une réaction plus ou moins importante. D’un simple sursaut à l’effroi, à la paralysie. Cette intensité est personnelle, basée sur nos expériences, nos transmissions, nos perceptions et notre imagination.
Vous savez le fameux et si ! Mais si je fais ça, il va m’arriver ceci ou cela. Tu te rends compte.
On voit bien que d’une part tous ces processus sont utiles et nécessaires mais qu’ils peuvent être aisément pervertis et mal interprétés. Et par là-même nos réactions vont suivre le même chemin.
Souvent c’est la facilité qui va être choisie. Nous préférons l’évitement, beaucoup moins coûteux en énergie et en efforts. J’ai peur donc je ne fais pas, je n’y vais pas, je ne peux pas. Mais est-ce la bonne réponse? Que faut-il déduire des informations transmisent par la peur?
3 . que faire?
Repartons au début. La peur est une émotion qui est là pour nous avertir d’un danger potentiel ou que nous percevons comme dangereux et nous met en alerte pour nous tenir prêt. Et c’est tout. Ni plus ni moins.
Cela veut simplement dire fait attention. Quelque soit l’objet de la peur. Et ce que pour autant il faut fuir ? ne pas faire? ne pas essayer?
La réponse viendra de votre intelligence, toujours. Une analyse objective de la situation permettra de faire des choix le plus judicieux pour vous. Nous choisissons toujours sous les mêmes influences que j’ai d’écrite plus haut. Mais au fur et à mesure au j’affute mon intelligence je suis à même de discerner tous ces mécanismes. Cela ne vous rappelle rien? J’en ai déjà parlé dans un article précédent. Tout fini par ce rejoindre. Le yoga va aider à affiner notre intelligence, à l’affuter.
Les postures sont une excellente façon d’apprendre de petites prises de conscience. Tout ce que nous pouvons apprendre, découvrir dans les postures sont transposables dans la vie en générale. Cela marche à chaque fois!
La posture est un équilibre entre deux déséquilibres. Dans un monde en perpétuel mouvement, l’état d’équilibre ne relève que d’un instant. Dans une posture je dois mettre en branle tout un jeu d’actions pour tenir cet état transitoire. Dans la vie c’est exactement la même chose. Nous essayons tant bien que mal de tenir en équilibre. Mais que recherchons nous?
Nous nous tenons bien sur un fil. Cette position d’équilibre est précaire. Transposer cette situation dans la vie est vous avez une piste pour vous éclairer.
Voilà tout l’art du funambule : Nous essayons de maintenir un équilibre dans des mouvements permanents. Qu’elles sont les actions à faire pour garder le funambule sur son fil? Pourquoi faire?
2. Le funambule
Le funambule est en recherche permanente du maintien de son équilibre. De chaque côté du fil il y a les opposés. Ils sont innombrables. Au gré des mouvements, le funambule subit des balancements de chaque côté. Qui y a t’il de part et d’autre du fil? Nous sommes dans un monde de dualité, de mouvements, multiple. Alors de chaque côté il y a les opposés. Le pile et le face d’une pièce, avec toutes les nuances inimaginables.
Est-ce bon ou mauvais de pencher d’un seul côté? Peut importe car nous recherchons l’équilibre. Et l’équilibre ne dépend pas uniquement des deux extrêmes, il dépend aussi du funambule, donc de sa nature. Ainsi pour qu’il y est équilibre, il ne suffit pas de ni à droite ni à gauche, il faut ajouter sa propre nature. Exemple : la force et de la souplesse. Travailler tout l’un ou tout l’autre crée un déséquilibre, qui conduit inévitablement un jour à des blessures. Travailler un peu les deux est mieux mais pas suffisant. Car suivant sa propre constitution (c’est à dire sa tendance raide ou laxe) il faudra travailler plus un côté que l’autre. Et si l’on reprend une posture, en fonction de sa constitution il faudra l’exécuter avec un esprit bien différent.
3. Que faut-il pour maintenir l’équilibre
C’est là que la magie opère. Il suffit de se concentrer sur les postures pour obtenir les réponses. Reprenons. Pour tenir dans une posture en équilibre, par exemple un appuis sur la tête (pour que ce soit plus flagrant).
Il faut un ancrage solide. Si il n’ y a pas de bonnes fondations, nous ne pourrons jamais tenir notre équilbre.
Des connexions de la tête au pieds. Ansi vous savez où chaque partie de votre corps se situe dans l’espace.
Il faut placer son centre de gravité au milieu de ces appuis et le garder quelque soit les imprévus. C’est à dire être capable de répartir judicieusement le poids du corps de chaque côté du centre.
L’attitude juste. Garder le corps alerte mais sans tension. Suffisamment à l’écoute pour anticiper tout mouvement intérieur et extérieur.
La peur est présente. Mais elle ne doit pas nous paralyser, nous empêcher de continuer. Il ne faut pas tomber dans le piège des projections (il pourrait se passer ceci, et si je tombe, etc…)
Il faut donc une concentration à toute épreuve et la garder. Même lorsque nous réussissons. Tellement content d’y être que l’on se déconcentre et c’est la chute. Car être en équilibre ne suffit pas, il faut le garder.
4 Ne pas s’attacher à son objectif
Pour résumer que faut il pour être en équilibre et y rester :
Quoiqu’il arrive il faut être enraciné, les racines profondément planter dans le sol. Et se déployer, s’étendre dans toutes les directions. Il faut donc une connaissance de Soi la plus fine possible.
Etre à l’écoute des sensations internes et externes, pour anticiper et s’adapter à tout changement des conditions extérieures pour quoiqu’il arrive maintenir son équilibre.
Mais ne pas céder au mental qui au travers de la peur peut nous immobilser et nous faire tomber. Bien apprendre à créer de la distance entre l’émotion et l’action, pour mieux choisir.
Et tout ceci ce fait grâce à une concentration présente sur ce que nous sommes en train de faire, tout en évitant d’ignorer ce qui se passe autour.
Il y a toujours une notion de justesse, d’un dosage à trouver pour ne jamais tomber dans l’excès. Sinon on tombe! Que c’est subtil, compliqué.
J’aimerai attirer votre attention sur le fait que nous trouvons progressivement cette justesse et tous les éléments nécessaire par la pratique. C’est en affutant la lame que le couteau devient tranchant. Alors oui nous pouvons tomber plusieurs fois, nous faire mal, mais nous pouvons toujours nous relever, et recommencer.
Enfin le petit truc qui fait transformer cet excercice du funambule en véritable joie est de ne pas rester fixé sur son objectif. Oui nous marchons sur le fil vers l’autre côté. Mais on ne se projette pas sur ce qui a de l’autre côté, sinon c’est la chute. Vous passeriez à côté de tout ce don vous avez besoin pour traverser.
C’est là la complexité. Nous traversons pour atteindre l’autre côté mais nous n’y attachons aucune importance. Nous profitons de l’instant, de ce que nous sommes en train de faire la maintenant. Il faut tout prendre les chutes, les aléas, les sensations, les joies, etc…. Un jour nous aurons traversé. Profitez de l’instant….
Le funambule est une parfaite image de la vie. Votre objectif? plus je réfléchis à ces questions plus j’en viens à penser que nous en n’avons pas besoin. Juste la vie saisie pleinement, entièrement.