Les lignes de connexions 2
Allons plus loin dans le raisonnement

Petit résumé du précédent article
Nous sommes faits de lignes que nous pouvons sentir et engager. Pour une définition un peu plus détaillée reportez-vous à cet article.
Cette semaine nous allons nous concentrer sur quelques aspects et conséquences. Allons plus loin dans le raisonnement.

L’ancrage : le corps doit toujours être tenu.
Voici la règle : Pour engager les lignes il faut les allonger à partir des extrémités du corps. Cette opération connecte le corps et met en marche tout un réseau d’informations. Pour que cette mise sous tension, dans le sens d’allumer, soit effective, il faut veiller à ne pas serrer le corps le long des lignes.
Serrer c’est casser l’information.
A partir de cette simple règle, nous allons en déduire quelques notions très intéressantes pour nos postures, pour le yoga et la conscience du corps en particulier, voir même une philosophie de vie.
Depuis le temps que je travaille sur ces notions, que je passe mon temps à observer les corps, leurs adaptations variées, mes lectures aussi, j’en ai déduit que porter le corps n’était pas une évidence mais le résultat d’un choix. Même si ce choix est inconscient, il est le résultat de nos différentes adaptations, de nos différents contacts avec le sol, de nos différentes façons d’utiliser nos muscles.
Notre monde occidental tient le corps depuis le bassin et les épaules créant un maximum de pression dans ces zones. Ce qui bloque en profondeur ces régions. C’est une question de coutumes, de façon de vivre. Une société développe des habitudes de vie qui engendrent une certaine façon d’utiliser le corps.
Nous avons perdu le contacte avec la terre, nous sommes en permanence isolé, éloigné du sol, ne serait-ce que par nos chaussures. Alors notre équilibre change, la façon de se tenir debout évolue pour rester sur l’axe de la verticalité. Ce qui entraîne une sollicitation des muscles de la région du bassin particulière. Il y a bien sûr d’autres facteurs, des exceptions. Mais l’essentiel n’est pas là. Ce qu’il faut comprendre c’est la façon dont nous utilisons notre corps, la façon dont nous nous tenons debout n’est pas innée. Elle n’est pas naturellement idéale.
Première idée : La façon dont nous tenons, de se porter, ne va pas de soi. Elle est apprise. Se tenir sur l’axe est un choix, certes inconscient la majorité du temps, elle n’est pas nécessairement idéale.
Si c’est un choix alors nous pouvons le modifier. A condition comme toujours de remettre notre conscience là-dedans.
Les lignes nous font agir et porter notre corps totalement différemment, voir même à l’opposer de nos constructions. Désormais nous nous portons depuis les extrémités : la tête, les mains et les pieds. Nous cherchons à nous grandir vers le ciel agissant dans le sol. Ce qui permet la libération de la région du bassin et des épaules.
Gardons bien en tête que le corps doit toujours être tenu. Sinon nous nous effondrons. Si je veux lâcher à un endroit il faut pouvoir tenir à un autre. Déporter la tenu du corps aux extrémités va valoriser considérablement l’ancrage. Sans lui rien n’est possible.
Deuxième idée : La notion d’ancrage devient alors fondamentale. L’ancrage sont les actions que nous faisons qui nous garantissent la stabilité. Et nous déployons ses racines dans plusieurs directions à la fois. J’agis à partir du sol et je me déploie vers d’autres extrémités tout en m’assurant de ne pas serrer, comprimer les lignes. Dans cette optique chaque action engendre un effet. avec le développement de la sensibilité, les ancrages deviennent de plus en plus précis. Agir avec précision sur le gros orteil engendre un placement du corps différent que le petit orteil. Allonger à partir du petit doigt engendre un mouvement de l’épaule différent de celui du pouce. Suivant ce que je veux obtenir, je focalise mon attention sur un point particulier et le mouvement est dirigé par ce point.
Chaque détail compte car les placements vont vers une finesses extrêmes.

Troisième idée: Plus j’ai de points d’ancrage, plus je suis stable, plus je peux lâcher, moins j’ai besoin de force.
Enfin ces points d’ancrage sont de plusieurs ordres. Ils peuvent être concrets comme tout ce qui agit dans le sol. Mais ils peuvent être fictifs. Ainsi des mains qui se poussent entres elles et vers le ciel deviennent des supports même si ces points ne reposent pas directement dans la terre. Dans cette idée plus je vais créer de points d’ancrage par mes actions, plus je vais pouvoir tenir mon corps. Ce qui permet de lâcher des zones stratégiques (épaules – bassin). Le corps doit toujours être tenu. Mais je peux choisir où le tenir. Ce qui change la donne.
Plus il y a de points d’ancrage, moins j’ai besoin de force. Car plus je mets en place des soutiens par mes actions, moins j’ai besoin de force pour maintenir la posture. Je n’ai plus qu’à rechercher l’équilibre. Si on poursuit le raisonnement, la question suivante émerge :
– Qu’est-ce que la force? En effet la force n’est pas avoir de gros muscles. Ce n’est pas non plus ressentir une pression interne dans le corps. En tout cas je parle ici de notre capacité à soulever et jouer avec son propre poids. La force serait tout simplement: quand j’agis dans le sol, il se crée des mouvements du corps entier. Je peux soulever, déplacer et maintenir alors tout le corps. Je dois simplement agir de plus en plus puissamment, connecter, équilibrer tout le corps pour unifier l’ensemble.
La force serait cette capacité à unifier l’ensemble, avec légèreté. La légèreté est toujours un critère de justesse.
